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Aphelinus, Aphidius, Ephedrus, Praon : parasitoïdes de pucerons

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Spectre d’efficacité et cultures envisagées

Proies : l’ordre des hyménoptères compte deux familles parasitoïdes de pucerons : les Aphelinidae (deux genres) et les Braconidae (27 genres de la sous-famille des Aphidiinae). Pour mieux cibler les ravageurs, il est préférable d’identifier les es­pèces présentes sur les cultures infestées avant de commander des auxiliaires. Cependant, les hyménoptères utilisés en bio­contrôle sont polyphages et il existe sur le marché des mélanges de parasi­toïdes afin d’agir sur les principaux pucerons des productions végétales sous abri.

Principales cultures concernées : les hyménoptères parasitoïdes utilisés en lutte biologique visent principalement les pucerons des cultures sous abri : productions horticoles ornementales, petits fruits, cultures légumières, condimen­taires, aromatiques ou porte-graines.

Comportement : les adultes sont flori­coles, tandis que les larves sont carni­vores. Certaines espèces comme A. abdominalis volent peu, tandis que d’autres telles qu’A. matricariae se dispersent fortement. Véritables « missiles à tête chercheuse », les hyménoptères parasitoïdes détectent des proies pour leur descendance. A. colemani peut ainsi repérer des pucerons à très grande distance, en réaction aux substances d’alarme émises par les plantes infestées. À plus courte dis­tance, il détecte le miellat. L’adulte d’A. abdominalis peut se livrer au host-feeding­, en aspirant le contenu des larves de pucerons au lieu de les parasiter.

Efficacité : souvent discrets, les hyménoptères parasitoïdes de pucerons jouent un rôle de régulation très important. Les facteurs environnementaux condi­tionnent leur développement. E. cerasicola et A. ervi apprécient des tempé­ratures de l’ordre de 10 à 25 °C, contrai­rement à A. abdominalis. Le cycle d’A. colemani est plus rapide à 18-25 °C, pendant lequel il parasite des pucerons de petite taille dans des foyers peu denses. A. ervi a une activité complémentaire de celle d’A. colemani, car, deux fois plus grand que lui, il s’attaque à des pucerons différents. A. matricariae est plus effi­cace qu’A. colemani, car il peut parasiter davantage de pucerons en peu de temps, particulièrementt Myzus persicae. Mais il est plus probant sur des foyers de faible densité, avec des températures de 18-25 °C et une hygrométrie de 60-80 %.

Toxicité de substances actives : certains insecticides­ et acaricides à large spectre d’efficacité (abamectine, spinosad…) sont toxiques pour les hyménoptères parasitoïdes­.

Cycle et conditions de développement

Morphologie : les espèces utilisées en biocontrôle sont des micro-hyménop­tères apocrites térébrants. Leur corps de 2 à 5 mm de long se caractérise par un net étranglement entre le thorax et l’abdomen. Les femelles possèdent un ovipositeur. La détermination spécifique est plutôt­ réservée aux techniciens et aux entomologistes­.

Cycle biologique :

A. abdominalis : espèce de cycle long, utilisée en biocontrôle depuis 1993, dont l’action est à la fois parasitaire et préda­trice, car elle consomme l’hémolymphe du puceron après l’avoir piqué. La femelle pond cinq à dix œufs par jour dans les adultes et larves de pucerons durant ses trois premières semaines d’activité. Après l’incubation, la larve d’hyménop­tère se développe dans le puceron jusqu’à sa maturité et le tue. Il faut seize jours à 24 °C pour qu’elle atteigne le stade adulte et 21 jours à 21 °C. La momie du puceron est oblongue, gris foncé ou marron. Un hyménoptère adulte en sort à travers un trou rond à l’arrière.

- A. colemani : originaire du Proche-Orient, introduit en France en 1982 pour la lutte biologique sous serre, son cycle dure dix à vingt jours. La femelle dépose un œuf par puceron, au sein duquel se succèdent quatre stades larvaires qui se nourrissent de son contenu corporel pendant quatre à sept jours. Celui-ci gonfle et prend une couleur nacrée ou jaune d’or, d’où émerge un adulte apte à se reproduire.

A. ervi : endoparasite indigène d’Europe, son cycle de développement est de 26 jours à 14 °C, 13,5 jours à 20 °C et 12 jours à 23,6 °C. La femelle pond 350 œufs, surtout les premiers jours, car elle contient dès l’émergence une cen­taine d’œufs fécondés dans son abdomen. Les momies des pucerons sont marron clair à jaune d’or.

A. matricariae : endoparasitoïde pri­maire de nymphes et d’adultes de pucerons, il en parasite des centaines en seulement deux jours. Une femelle peut pondre 100 à 200 œufs. Le ravageur attaqué forme alors une momie gonflée, tannée, grise à marron, dix à quatorze jours après le premier­ lâcher d’hyménoptères. L’adulte émerge par un trou rond à l’arrière.

E. cerasicola : cycle de vingt jours environ. Une femelle peut déposer environ 900 œufs au cours de sa vie dans les quatre stades larvaires et le stade adulte des pucerons aptères. Tous les stades larvaires de l’hyménoptère consomment l’intérieur du ravageur. Celui-ci forme une momie marron clair, mais cachée, difficile à voir. Un adulte émerge de la momie en creusant la cuticule.

P. volucre : indigène de France, il peut se révéler très efficace. La femelle pond environ 500 œufs dans le corps des pucerons au cours de sa vie qui dure onze jours à 20-25 °C, tandis que le cycle complet fait vingt jours. Les stades larvaires se développent à l’intérieur du puceron, qui se momifie, mais la nymphose se fait sous le ravageur, dans un cocon blanchâtre qui forme un socle soyeux sous la momie. On le distingue ainsi des autres hyménop­tères parasitoïdes.

Conditions d’utilisation  : effectuer un lâcher dès la détection des premiers pucerons (observation visuelle, piégeage) ou de manière préventive (A. abdominalis, A. colemani, A. ervi…) en cas de risque. Renouveler l’opération si nécessaire.

Jérôme Jullien

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